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19 avril 2005

Renée Vivien/Atthis

«  Poésie d'un jour »

Saphisme_et_dcadence_2

« Je reviens chercher l'illusion des choses
D'autrefois, afin de gémir en secret
Et d'ensevelir notre amour sous les roses
Blanches du regret.

Car je me souviens des divines attentes,
De l'ombre et des soirs fébriles de jadis...
Parmi les soupirs et les larmes ardentes,
Je t'aimais, Atthis! »
[...]

Renée Vivien, Évocations, Alphonse Lemerre Éditeur, 1903, p. 23.

Voir aussi :
-
le site de l'Académie Renée Vivien
- Nicole G. Albert, Saphisme et décadence dans Paris fin-de-siècle, éditions de La Martinière, avril 2005, 340 pages. ISBN 2846751641. Compte-rendu de lecture dans fabula.org

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Rédigé le 19 avril 2005 à 13:58 | Lien permanent | Commentaires (0)

Marina Tsvétaiëva/Amazones

«  Poésie d'un jour »

Poitrine
Ph, G.AdC

« Seins de femmes ! Souffle figé de l’âme ­
Essence de femmes ! Vague toujours prise
Au dépourvu et qui toujours prend
Au dépourvu - Dieu voit tout !

Lice pour les jeux du délice ou de la joie,
Méprisables et méprisants - Seins de femmes ! -
Armures qui cèdent ! - Je pense à elles…
L’unique sein, - à nos amies !… »

                                        5 décembre 1921

Marina Tsvétaiëva, « Amazones », L’Offense lyrique et autres poèmes,
Éditions Farrago/Éditions Léo Scheer, 2004, page 196.

Voir aussi Tsvétaïeva/Pasternak/Rilke : J’ai soif de toutes les routes

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Rédigé le 19 avril 2005 à 02:00 | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack

14 avril 2005

Apophtegmes de l’Amazone

Jaime
Ph, G.AdC

1. « Être libre, quand ce ne serait que pour changer sans cesse d’esclavage ».

2. « Il y a deux espèces de questions, l’interrogation et la réponse : ceux qui interrogent posent la question, ceux qui répondent la déplacent ».

2 bis. « Vous avez peut-être raison, mais avoir raison n’est peut-être pas avoir grand-chose. »

3. « Qu’avez-vous le plus aimé ?
- Aimer

3 bis. « Et s’il fallait choisir plusieurs choses ?
- Je choisirais plusieurs fois l’amour ! »

Natalie Clifford Barney, Éparpillements [1910], Collection les Octaviennes, Éditions Geneviève Pastre, 1999, pp. 27, 48, 29.

Voir le site (en anglais) sur Natalie Clifford Barney.
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Rédigé le 14 avril 2005 à 10:15 | Lien permanent | Commentaires (0)

04 mars 2005

Enfer et rédemption

Anne_f_garrta
Anne F. Garréta
Image, G.AdC

« À l'époque, si je me souviens bien, je décrivais le monde comme un théâtre où auraient dansé, au bal macabre des pulsions, des théories de cadavres. Contemption et vocifération ne m'empêchaient pourtant pas de traquer la décomposition de valse en valse amoureuse. Nuits alanguies à dériver au gré de scansions syncopées, pulsations brèves; la voie de l'enfer s'étoilait de sourdes lanternes; un fond d'abîme se rapprochait indéfiniment; aux parois lisses du tourbillon dans lequel je me mouvais, je discernais les images déformées de corps extatiques, dans le râle lent et rauque des tortures de la chair à vif. Mais je glissais et ne pouvais m'éprendre, m'interrompre et faillir à mon destin de fuite fascinée. Était-ce vraiment une imposture que d'aller nier la grâce là où je ne pouvais pas croire qu'elle ne résidât pas? Était-ce une hérésie de soutenir que la lucide traversée de l'enfer est voie directe de rédemption ? « Tu ne me chercherais pas si tu ne m'avais pas trouvé; tu ne me désirerais pas si tu ne m'avais pas un jour tenu dans tes bras. »

Anne F. Garréta, Sphinx, éd. Grasset & Fasquelle, 1986, page 9.

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Rédigé le 04 mars 2005 à 16:03 | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack

11 décembre 2004

Le Toucher

« Les arbres ont gardé du soleil dans leurs branches.
Voilé comme une femme, évoquant l’Autrefois,
Le crépuscule passe en pleurant… Et mes doigts
Suivent en frémissant la ligne de tes hanches.

Mes doigts laborieux s’attardent aux frissons
De ta chair sous la robe aux douceurs de pétale…
L’art du toucher, complexe et curieux, égale
Les rêves des parfums, le miracle des sons.

Je suis avec lenteur le contour de tes hanches,
Tes épaules, ton col, tes seins inapaisés.
Mon désir délicat se refuse aux baisers ;
Il effleure et se pâme en des voluptés blanches. »

Renée Vivien, Evocations, Alphonse Lemerre éd., 1903, page 11.

Le recueil Evocations est une adaptation libre des poèmes de Sappho.
NB : pour le vers 5, j’ai respecté scrupuleusement le texte de l’édition originale de 1903 ("doigts laborieux"), le site Renée Vivien de Cristie Cyane ayant opté, sans explication aucune, pour la variante ( ?) "doigts ingénieux".

Pour en savoir plus sur Pauline Tarn, dite Renée Vivien (1877-1909), se reporter au très beau site de Cristie Cyane.
Voir aussi le site de l'Académie Renée Vivien.
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Rédigé le 11 décembre 2004 à 12:08 | Lien permanent | Commentaires (2)

Thème et variations sur Aphrodite

Sur les neuf recueils poétiques qu’a composés la poétesse grecque Sappho, on ne connaît aujourd’hui que six cents vers. En revanche, jusqu’à la découverte de papyrus à la fin du XIXe siècle, on ne connaissait de Sappho que des bribes transmises indirectement par un manuscrit de Denys d’Halicarnasse (De la composition littéraire) et le célèbre traité de Longin Sur le sublime. Certes, il y avait eu nombre d’imitateurs, dont Théocrite ou Horace, et c’est grâce à une imitation de Catulle que Sappho a été découverte sous la Renaissance, et notamment son "Hymne à Aphrodite" qui fit probablement le bonheur de Louise Labé.

C’est donc chez Henri Etienne en 1556 (un an après la publication chez Jean de Tournes à Lyon des poèmes de Louise Labé) qu’est pour la première fois publié ce poème (en même temps que des odes d’Anacréon), dans une traduction de Rémi Belleau. Un poème qui va avoir une fortune telle qu’il a sans cesse été "récrit, prolongé, recontextualisé, tiré en tous sens, par des hellénistes", comme le souligne Philippe Brunet dans la postface de cet ouvrage.
Rappelons au passage qu’une quatrième strophe a été par hasard découverte en 1965 dans un fragment de papyrus retrouvé à Florence.

Philippe Brunet s’est employé quant à lui depuis 1986 à rechercher les diverses versions françaises attestées. Il en a retenu cent, qui vont (chronologiquement) de Rémi Belleau à Frédérique Vervliet (Arléa, 1993) en passant par Lamartine, Alexandre Dumas, Renée Vivien, Robert Brasillach et Marguerite Yourcenar. Une idée éditoriale sublime et vertigineuse. Une mise en abyme du poème au travers des siècles. Tel qu’il est et qu’il est admirablement, "ce livre s’adresse aux jeunes filles, aux femmes, aux féministes, aux amateurs de ces trois catégories, aux misogynes, aux amantes, aux amants, aux chercheurs de curiosités, aux professionnels du thème, du champ lexical et de la variante, aux experts en chansonnettes, aux collectionneurs, aux lecteurs de Queneau, aux lectrices, aux historiens de la sexualité, aux hellénistes, aux travestis, aux traducteurs, aux traductrices passées et futures" (Philippe Brunet).

Sappho, L'égal des dieux, cent versions d'un poème de Sappho, éditions Allia, 2001.

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Texte©angelepaoli

Rédigé le 11 décembre 2004 à 10:33 | Lien permanent | Commentaires (2)