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SUITE, LE TOUR DE CORSE À LA VOILE, 4
RETOUR VERS L'AVANT-PROPOS de ce Journal de croisière de la Belle Époque
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SUITE, LE TOUR DE CORSE À LA VOILE, 4
RETOUR VERS L'AVANT-PROPOS de ce Journal de croisière de la Belle Époque
Rédigé le 21 décembre 2006 | Lien permanent | Commentaires (0)
![]() Image, G.AdC
Moscou, 20 décembre 1915 |
MARINA TSVÉTAÏEVA ![]() Source ■ Marina Tsvétaïeva sur Terres de femmes ▼ → 21 juillet 1916 | Lettre de Marina Tsvétaïeva → 14 août 1918 → 18 septembre 1921 (à Maïakovski) → 19 novembre 1921 → 31 août 1941 | Vénus Khoury-Ghata, Marina Tsvétaïeva, mourir à Elabouga → Amazones → [Bras ployés au-dessus de la tête] → Cessez de m'aimer → J'aimerais vivre avec vous ■ Voir aussi ▼ → le site Marina Tsvetaeva |
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Rédigé le 20 décembre 2006 | Lien permanent | Commentaires (2)
Il y a cent-douze ans, le 19 décembre 1908, naissait à Schöneberg (près de Berlin) Gisèle Freund.
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GISÈLE FREUND ![]() ■ Voir aussi ▼ → le site Gisèle Freund (Collection of Marita Ruiter | Galerie Clairefontaine) → (dans les archives de L'Humanité) « Gisèle Freund, notre mémoire littéraire » |
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Rédigé le 19 décembre 2006 | Lien permanent | Commentaires (5)
Naissance à Münchenbuchsee, près de Berne, le 18 décembre 1879, du peintre suisse Paul Klee, mort à Locarno le 29 juin 1940. ![]() Image, G.AdC JE SUIS PEINTRE Ce n’est pas pour rien que Paul Klee est considéré aujourd’hui comme l’un des plus grands coloristes de l’histoire de la peinture. Lui-même avait déclaré : « La couleur et moi ne faisons qu’un. Je suis peintre. » Un peintre peu ordinaire, doué d’une inépuisable créativité, aimant manipuler les lignes, désamorçant les sujets graves avec beaucoup d’humour. Généralement évoqué dans des aquarelles de petits formats, l’univers de Klee est un univers onirique où se croisent et se rencontrent symboles colorés, animaux fantasques et éléments du cosmos, architectures, astres et signes, runes. Mais aussi des visages et des corps à peine esquissés. Proches de l’abstraction. Un univers mystérieux, habité par la poésie. Parmi les œuvres les plus marquantes de cette période féconde, on peut citer : Senecio (1922), Villas florentines (1926), Le Poisson d’or (1926). Mais aussi les « exercices » des « carrés magiques ». Puis, plus tard, en 1934, Diane au vent d’automne. Au début des années 1930, le peintre, alors à l’apogée de sa carrière, est inquiété par le ministère de la Propagande nazie. Pour toutes les œuvres non conformes à « l’esprit de la nouvelle Allemagne », l’heure est aux autodafés. Paul Klee quitte l’Allemagne et trouve refuge en Suisse, son pays d’origine. Touché par les affres d’une longue et éprouvante maladie, Paul Klee, alors parvenu au terme de sa vie, transpose dans une œuvre comme La Mort et le Feu (1940, Centre Paul-Klee, Berne), les stigmates de la souffrance, tant morale que physique. Nourrie de multiples expériences, l’œuvre de Paul Klee échappe à toute tentative de classification. Elle n’en constitue pas moins l’un des jalons majeurs de l’art contemporain. |
PAUL KLEE ![]() Ph. Walter Henggeler Source ■ Paul Klee sur Terres de femmes ▼ → 11 novembre 1908 | Paul Klee, Journal → 29 juin 1940 | Mort du peintre Paul Klee → (dans les Chroniques de femmes) 20 juin 2005 | Ouverture du Centre Paul Klee à Berne ■ Voir aussi ▼ → le site du Centre Paul Klee de Berne |
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Rédigé le 18 décembre 2006 | Lien permanent | Commentaires (2)
![]() Flaubert et Louise Colet Source
[Croisset,] nuit de jeudi, 1 heure.
[16 décembre 1852.]
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Rédigé le 16 décembre 2006 | Lien permanent | Commentaires (4)
Menton, mercredi 14 juillet 1909 (suite)
Louis de Beaujeu nous a rejoints sur La Sarrasine ce samedi matin. Nous sommes au complet maintenant, un peu plus nombreux cette année que l’été dernier. Notre maître de bord a engagé à son service un mousse supplémentaire, Zénon ; et un nouveau chef cuisinier, Joël ; car Lenot n’était pas libre ce mois-ci.
Bérénice de Beaujeu a tenu à emmener avec elle son propre équipage, Émilienne et Noémie. Ensemble, les deux gouvernantes rient sous cape des petites facéties qu’elles manigancent derrière le dos de leur maîtresse, tout en s’activant à leur ouvrage. Mais Suzanne, notre chère Suzanne, qui était avec nous l’an passé, est entrée dans les ordres. Elle a rejoint un couvent de carmélites déchaussées, perdu quelque part en Castille. Je la savais excentrique, mais jamais je n’aurais imaginé qu’elle l’était par vocation. Tout de même, elle va nous manquer affreusement.
Nous avons mis le cap sur Cannes où nous ferons escale demain dimanche. Pour moi, qui brûle du désir de filer pleins nœuds sur la Corse, cette première étape n’est pas pour me ravir. La traversée est délicieuse et rien, aucun obstacle ne nous aurait empêché de rejoindre au plus vite les côtes de l’île. Mais Monsieur de Beaujeu est catégorique, il veut ménager son monde et il n’est pas question de modifier l’itinéraire prévu.
Bérénice de Beaujeu est charmante. C’est une belle femme, élégante et élancée. Elle arbore des toilettes mousseuses et légères et surtout chapeaux à larges bords avec perruches et voilettes qui protègent des excès de lumière la peau claire et diaphane de son visage. Elle se sent un peu lasse et passe de longues heures sur son transatlantique dont elle change régulièrement l’orientation en fonction de la position du soleil. Bérénice semble ailleurs, absorbée dans le souvenir de son récent voyage aux Indes. Pourtant, elle n’aurait pour rien au monde renoncé à sa croisière le long des côtes de Corse. Noémie aussi est fatiguée. Les raisons en sont probablement le travail exigé par les préparatifs du voyage et le soin particulier qu’elle a dû mettre à ne rien oublier. C’est que ce n’est pas une mince affaire que celle de boucler les malles de Madame, ordonnées pour un mois et demi de vagabondages.
Pour moi, m’étant reposée quelques jours dans notre belle campagne de Provence, je ne me sens pas le moins du monde fatiguée et mon oisiveté n’est qu’illusoire. Je m’octroie de longs moments de travail à l’écart des autres, de longs moments d’écriture. Munie de mon nécessaire de voyage en osier tressé du Tonkin, équipée de mes plumes, encres et cahiers d’écolière, je m’installe sur le pont avant et passe des heures allongée sur mon transatlantique, toute à mes observations et notations. J’ai pris cette année la résolution de faire mes gammes au jour le jour et de croquer quelques paysages au gré de mon inspiration. Parviendrai-je à me soumettre à cette décision bien sévère ?
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Rédigé le 14 décembre 2006 | Lien permanent | Commentaires (4) | TrackBack (0)
HERVÉ GUIBERT Source ■ Voir aussi ▼ → le site Hervé Guibert de Guillaume Ertaud et Arnaud Genon, créé en 2005 (site provisoirement fermé à la suite d'un incident technique) |
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Rédigé le 14 décembre 2006 | Lien permanent | Commentaires (1)
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Rédigé le 13 décembre 2006 | Lien permanent | Commentaires (1)
Chroniques de femmes - EDITO
La Pensée de midi, novembre 2006
La Pensée de midi/« Qui menace qui ? »
Le numéro 19 de La Pensée de midi, numéro de novembre, propose un important dossier consacré aux pays du Sud de la Méditerranée. Pays confrontés aux formes kaléidoscopiques et aux définitions mouvantes et plurielles de la liberté.
Présenté par Thierry Fabre, l’éditorial pose la question brûlante « Qui menace qui ? ». Menacé par les interventions américano-israéliennes, le « nouveau » Moyen-Orient l’est aussi par ses propres contradictions. Face à l’urgence de la situation et à la complexité du débat, il revient à chacun de déplacer son point de vue et aux différents pays impliqués dans le conflit de prendre leurs responsabilités.
Le dossier de Thierry Fabre invite chacun à se mettre à l’écoute des voix venues de ce « nouveau » Moyen-Orient. Cinq pays, cinq auteurs apportent témoignages et analyses. À quoi il faut ajouter des articles sur le Coran - « À lire sans soumission » - et plusieurs entretiens portant sur l’islam et les mouvements islamistes.
À l’intérieur de ce dossier dense et difficile, deux textes m’ont particulièrement touchée. Celui de Najwa Barakat et celui de Ghania Mouffok.
Najwa Barakat ou « Les libertés déchirées »
Dénonçant le galvaudage du mot « Liberté », la romancière libanaise Najwa Barakat crie sa souffrance et son effroi. Son désespoir et sa révolte. Quel sens donner encore au mot « liberté » quand la violence aveugle s’abat sans fin sur le Liban ? Najwa Barakat énumère alors dans une sorte de litanie douloureuse les dates fatidiques qui ont jalonné l’été meurtrier 2006. Le Liban déchiré s’abîme dans une partie sans cesse rejouée où les victimes d’antan ont endossé l’habit des bourreaux d’aujourd’hui.
Dans un ultime cri de révolte, Najawa Barakat s’adresse à Israël et le conjure de sortir de son aveuglement. Afin qu’il cesse de pousser « ses enfants dans le précipice de la haine de l’autre ».
Ghania Mouffok ou « Algérie, les barbelés de la mémoire »
Dans l’article consacré à l’Algérie, la journaliste algérienne Ghania Mouffok s’interroge sur le retour constant des dictatures et sur le rôle que la mémoire joue dans ce retour. Poursuivant son analyse, elle constate que la dictature élit domicile dans chacun de nous. Pour qui en effet se complaît dans le mensonge et dans l’illusion, vivre dans la dictature est chose aisée. Construit comme un apologue, l’article de la journaliste s’ouvre sur la misère d’un petit chien des douars, enchaîné à la tyrannie d’un maître qui n’a de cesse que de le rendre « méchant ». Et de conclure en disant : « Vous savez, les chiots, quand on les enchaîne, avant de devenir méchants, ils sont d’abord malheureux. »
Comment ne pas lire dans cette histoire l’écho de celle d’un maître dont le comportement s’explique par l’histoire violente qu’il a lui-même vécue ?
L’article de Ghania Mouffok est l’histoire d’une transmission, chacun tyrannisant l’autre à son tour, évoluant de tyrannisé à tyran. De génération en génération, les peurs stigmatisent les esprits, annihilent les ambitions réduites à des questions de survie. Un constat tragique qui fait de l’amnésie la seule garante de la paix.
Pourtant, c’est au cœur même de la mémoire que se cache la liberté, une mémoire d’avant la tyrannie et une liberté qu’aucun tyran ne saurait endiguer. Mais le temps presse. Il faut tout « réapprendre » avant qu’il ne soit définitivement trop tard.
Driss El Yazami ou « La parole libérée »
Intitulé « La parole libérée », le dossier sur le Maroc est d’une tout autre teneur. Il s’agit du rapport final de l’I E R, l’Instance Équité et Réconciliation. Créée par le Roi Mohammed VI en janvier 2004, l’I E R a été confiée à Driss El Yazami – rédacteur en chef de la revue Migrance, délégué générale des Génériques - et à son équipe. Le dossier a été transmis au roi Mohammed VI le 30 novembre 2005.
De type informatif, très précis et très documenté, l’IER fait état des différentes démarches et investigations entreprises pour rassembler le matériau historique sur les violations des droits de l’homme au Maroc depuis près d’un demi-siècle. Autre aspect évoqué par ce rapport, les obstacles rencontrés par les membres de l’IER pour établir un dossier complet et sûr. En réalité, un dossier toujours brûlant malgré l’importante indemnisation allouée aux victimes de la répression. Enfin, dernier point important, le rapport fait état des réformes urgentes à mettre en place dans le domaine de la justice, de la législation, de la politique pénale. Avec pour objectif à atteindre, la consolidation de l’Etat de droit et la garantie de la non-répétition des exactions commises par le passé.
Cependant, nombreuses sont les contraintes qui pèsent sur les projets de réforme du Maroc :
• L’affirmation d’un islam politique ;
• Le contexte régional et la crise algéro-marocaine ;
• L’ampleur des défis socio- économiques à relever.
Un ensemble d’obstacles à surmonter, pour lesquels l’IER a un double rôle à jouer : un rôle de levier et un rôle d’accélérateur. Tous deux également décisifs pour l’avenir du Maroc.
Larbi Chouikha ou « Tunisie : les chimères libérales »
Ph., G.AdC
Dans le dossier, « Tunisie : les chimères libérales », Larbi Chouikha, « professeur en communication à l’université de la Manouba à Tunis » dénonce l’autoritarisme croissant dans lequel s’enfonce son pays.
Derrière une tradition libérale et des apparences favorables au développement, derrière des conditions matérielles exceptionnelles face à ses voisins, Algérie et Maroc, la Tunisie cache une tout autre réalité. Si elle affiche une démocratie pluraliste, ce n’est que pure tactique du pouvoir en place. Toute perspective d’alternance politique est exclue. L’illusion du libéralisme touche bien d’autres domaines. Celui notamment des médias, qui, en dépit des apparences extérieures, se trouve sous contrôle de l’État. La Tunisie offre en définitive un contraste saisissant entre l’image qu’elle veut donner d’elle-même et la réalité qui se cache derrière cette image.
Si de nombreux indices plaident en faveur d’une Tunisie « mûre pour la démocratie », d’autres au contraire sont là pour prouver que « l’état des libertés s’est considérablement dégradé au cours des années 1970-1980 ».
Traversée par des contradictions et des luttes qu’elle ne parvient pas à résoudre, la Tunisie s’enfonce dans un état de crise qui exacerbe durablement « frustrations et individuation ». Une situation qui compromet gravement l’émergence d’une véritable société civile indépendante.
Altan Gokalp ou « Les tabous d’une démocratie »
Dernière pièce au dossier des pays du sud de la Méditerranée : la Turquie, avec un article intitulé : « Les tabous d’une démocratie ».
Appuyant son propos sur les nombreuses acceptions linguistiques du mot « liberté » en langue turque, l’anthropologue Altan Gokalp souligne la difficulté qu’il y a de cerner le concept de « liberté » au sein des horizons multiples de ce pays. La Liberté constitue un véritable défi pour la Turquie. Un défi d’autant plus complexe à mener à bien qu’il y a de multiples formes de libertés.
La Turquie, qui a fait le choix de la démocratie à l’occidentale, se trouve confrontée à de nombreuses contradictions. Où s’opposent idéal et réalité.
Quelles sont donc les lignes de fracture où l’exercice des libertés pose problème en Turquie ? Telle est la question posée par Altan Gokalp.
La première ligne de faille est celle qui oppose islam et laïcité. Dans un pays où continue de s’exercer la loi laïcarde kémaliste, la mobilisation islamiste rassemble 30% de la base électorale du pays.
La seconde ligne de faille est celle des symboles de la république auxquels la Turquie est très attachée. Toute insulte, si minime soit elle, est passible de répression.
Viennent ensuite trois espaces d’obstacles qui divisent la société turque :
• La question kurde ;
• L’ultranationalisme ;
• L’islamisme radical.
À quoi s’ajoutent la question chypriote et le génocide arménien. Autant d’épines qui exacerbent la nation turque et entravent les libertés.
La liberté. Quels horizons ?
Constitué de plusieurs entretiens menés par Thierry Fabre, la suite de ce dossier pose directement la question de la liberté ou des libertés. Quel rapport la démocratie entretient-elle avec la ou les formes que prend la liberté dans les différents pays impliqués dans la crise ? La liberté est-elle encore possible au Moyen-Orient ?
Pour François Burgat, chercheur au CNRS, l’essentiel du problème provient de la focalisation du regard occidental sur une minorité aveuglée par l’intégrisme. Selon le chercheur, l’islam est tout à fait capable de produire un « universel » compatible avec « nos valeurs ». « Faire progresser la justice sociale, le respect des minorités ou la cause des femmes en se servant de références empruntées au vaste registre de la culture musulmane, y compris dans sa dimension religieuse », est de l’ordre du possible. Il est donc grand temps de changer notre regard sur l’islam politique.
Pour Bruno Etienne, professeur de sciences politiques, « le problème numéro un de ces pays tient davantage à la dictature, au despotisme… de la rente pétrolière qu’à l’islam en soi. »
Selon Rashid Khalidi, enfin, titulaire de la chaire Edward–Said à l’université de Columbia, si la liberté est en péril au Moyen-Orient, elle l’est tout autant aux États-Unis en raison de la politique menée en Irak et ailleurs par le président Bush. Quant à l’évolution démocratique, elle est davantage mise en péril par les conditions actuelles de la crise que par les partis tels que le Hamas, le Hezbollah ou les Frères musulmans. L’auteur de L’Empire aveuglé reconnaissant par ailleurs que les trois partis en question ne sont pas, loin s'en faut, des modèles d’avant-gardisme.
À l’issue de la lecture de ce dossier, il est difficile de se laisser convaincre par la teneur des propos engagés. Et si nul ne songe à remettre en question la bonne foi des interlocuteurs de Thierry Fabre, peut-on considérer qu’elle suffit à elle seule à fonder une argumentation ? Le plus grand mérite de ce dossier revient, selon moi, au rédacteur en chef de La Pensée de midi, à Thierry Fabre qui sans cesse pose et repose - avec obstination et précision - les mêmes lancinantes questions. Sans qu’il soit possible, hélas, d’entrevoir en retour une once d’espoir.
Angèle Paoli
D.R. Texte angèlepaoli
Voir aussi : - (dans le Magazine de Zazieweb) Revue des revues V : La pensée de midi. Penser le monde méditerranéen, par Angèle Paoli. |
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Rédigé le 12 décembre 2006 | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
11 décembre 2006 : Bienvenue COLOMBA !
Colomba jeta un coup d'oeil suppliant à son frère. Miss Nevil avait ouï parler des improvisatrices corses et mourait d'envie d'en entendre une. Aussi elle s'empressa de prier Colomba de lui offrir un échantillon de son talent. Orso s'interposa alors, fort contrarié qu’elle se soit si bien souvenu des dispositions poétiques de sa soeur. Il eut beau jurer que rien n'était plus plat qu'une ballata corse, protester que réciter des vers corses après ceux du Dante, c'était trahir son pays, il ne fit qu'exacerber le caprice de miss Nevil, et se vit contraint à la fin de dire à sa soeur :
- Eh bien! improvise quelque chose, mais que cela soit court.
Colomba poussa un soupir, regarda attentivement pendant une minute le tapis de la table, puis les poutres du plafond ; enfin, mettant la main sur ses yeux, comme ces oiseaux qui se rassurent et croient n'être point vus quand ils ne voient point eux-mêmes, chanta, ou plutôt déclama d'une voix mal assurée la serenata qu'on va lire.
LA JEUNE FILLE ET LA PALOMBE
« Dans la vallée, bien loin derrière les montagnes, - le soleil n'y vient qu'une heure tous les jours; - il y a dans la vallée une maison sombre, - et l'herbe y croit sur le seuil. - Portes, fenêtres sont toujours fermées. - Nulle fumée ne s'échappe du toit. - Mais à midi, lorsque vient le soleil, - une fenêtre s'ouvre alors, - et l'orpheline s'assied, filant à son rouet: - elle file et chante en travaillant - un chant de tristesse; - mais nul autre chant ne répond au sien. - Un jour, un jour de printemps, - une palombe se posa sur un arbre voisin, - et entendit le chant de la jeune fille. - Jeune fille, dit-elle, tu ne pleures pas seule - un cruel épervier m'a ravi ma compagne. - Palombe, montre-moi l'épervier ravisseur; - fût-il aussi haut que les nuages, - je l'aurai bientôt abattu en terre. - Mais moi, pauvre fille, qui me rendra mon frère, - mon frère maintenant en lointain pays? - Jeune fille, dis-moi où est ton frère, - et mes ailes me porteront près de lui. »
Extrait de Colomba de Prosper Mérimée.
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Rédigé le 11 décembre 2006 | Lien permanent | Commentaires (3) | TrackBack (0)
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