(hommage à Hélène Cixous)
FLAMENCO
Image, G.AdC
FLAMENCO
Tu déambules dans un palace, d’un salon à l’autre. Tu cherches à retrouver ta chambre dans les longs couloirs. Le numéro 20/21 te revient en mémoire. Tu passes devant des cabines d’essayage. Des jeunes filles enfilent des robes de mariée et s’admirent dans les miroirs. L’une d’elles a revêtu une robe cintrée à rayures vert pâle et blanches, très décolletée dans le dos. Tu aperçois ta propre fille qui porte une robe à pans superposés, de longueurs diverses. Son décolleté plongeant met en valeur sa poitrine généreuse. Un petit porte-jarretelles posé sur les hanches soulève la robe à mi-cuisse et dénude son ventre. Ses jambes nues sont rehaussées par des chaussures blanches à talons aiguilles. La queue de pie de la robe dessine une longue traîne dans le dos. Elle virevolte demi nue dans ses tulles. Tu la trouves belle dans cette toilette exubérante, peu appropriée aux circonstances. Toutes ces jeunes filles ont des airs de femmes légères qui font la vie. Elles se pavanent, fleurs blanches et rouges, cheveux de feu foisonnant sur les épaules. Tu cherches une paire de talons aiguilles mais, finalement, tu te décides pour une paire de bottes pointues, très ajustées au mollet.
Devant l’hôtel, le lave-linge attend sur le trottoir. Tu ne sais ce que tu vas en faire. Pour le moment, il reste là. Tu l’abandonnes et tu pénètres dans la salle de danse. De séduisantes jeunes filles aux corps musclés étirent leurs jambes fuselées sur des barres de bois, plient leur taille et allongent leurs bras au-delà de leurs pieds. Tu admires la souplesse de ces corps bandés comme des arcs. Qui se redressent et se déplient, tendres lianes charnelles. Un bourdonnement de libellules emplit la salle par déplacement d’ondes successives, d’une rampe à l’autre, d’un groupe à l’autre.
Le professeur met la musique en marche. Des pas de flamenco frappent en cadence le parquet. Les pieds martèlent les lattes et trépignent, les croupes s’ébranlent. Ondulant, le serpent de mer claque des sabots sur le sol. La houle des danseuses se déplace par vagues. Les cheveux des sirènes nocturnes balayent les hanches généreuses. Adossée au chambranle de la porte, tu observes les déplacements ordonnancés des danseuses. Les figures s’enchaînent comme par magie sur un damier invisible. Soudain une jeune fille t’enlace sur son passage. Tu ne l’as pas vu venir mais tu avais remarqué son visage fin aux cheveux remontés sur sa nuque tendre. Tu n’as pas le droit de regarder. Si tu es là, c’est pour entrer dans le mouvement et te fondre dans le corps de la danse. Tu es emportée à contre-courant dans la vague qui déferle sur toi et t’enserre de ses muscles. La jeune fille, liane longue et flexible, te tient collée contre son corps dont tu sens la tension des moindres fibres. Surprise d’être ainsi enserrée par le corps de l’inconnue, elle manifeste son effroi, qui se lit dans ses yeux. Elle cherche du regard un soutien qui lui échappe.
Soudain la jeune fille aux cheveux remontés sur la nuque tendre se rapproche insensiblement de toi. Tu la sens qui s’apprête à te frôler au passage. Tu la suis dans ses moindres mouvements puis tu t’élances à la rencontre de son étreinte. Ensemble vous virevoltez, un moment portées par le corps de la danse. Les groupes de danseurs s’estompent dans la salle. Mille regards se collent à votre corps unique. Comme autant de ventouses qui aspirent votre chair. Elle résiste encore à ta bouche vorace qui doucement remonte vers sa joue qu’elle dérobe à tes lèvres. Soudain, elle cède, éperdue à tes baisers, et frémit sous tes enlacements fiévreux. Libellule légère prise entre les mandibules acérées d’une demoiselle, elle se débat encore, faiblement, se rétracte puis se tend. Votre carapace d’insecte, animé par les soubresauts de votre danse, s’écroule au centre de la piste dans une ultime étreinte.
Angèle Paoli
D.R. Texte angèlepaoli
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Pour mes amis "latino" , Yves et Anghjula qui aiment forcement
Les divas du dancing
de
Philippe Cataldo
Danse
Va tanguer sur le parquet ciré
Les violons ça fait rêver
Les yeux dans les yeux fais les tourner
et fais-toi désirer
Toi qui connais si bien le cœur des femmes
Tous les mots qui les enflamment
Elles qui le temps d'un tango se damnent
Frémissantes et parfumées
Toi, tu sais où les trouver
Refrain:
Les divas du dancing
Les divas du dancing
Les cinglées du mambo
Celles qu'on ne verra jamais dans les discos
Les fanas du saxo
Les fêlées du passo
Celles qui pensent encore au temps du Mikado
Les divas du dancing
Les divas du dancing
Danse,
Entends-tu leur désir murmurer
Le bando ça fait rêver
Fais les mourir le temps d'un baiser
Sans l'ombre d'un palmier
Toi qui fais brûler la chair des femmes
Sans jamais donner ton âme
A celles qui sous ton regard se pâment
Frémissantes et parfumées
Toi tu sais où les trouver
Les divas du dancing
Les divas du dancing
Corps sérés cœurs glacés
Elles gardent de toi un peu de gomina
Sur le bout de leurs doigts
Quand elles ont caressé
Cette nuque bleue qu'elles aiment embrasser
Les divas du dancing
Les divas du dancing
Sans jamais donner ton âme
Sans jamais verser de larmes
Amicizia
Guidu
Rédigé par : Guidu | 03 mars 2005 à 22:33