« La poésie de Giuseppe Conte, et c’est là un [...] de ses visibles méridiens, accueille en elle des figures du mythe, comme si les puissances numineuses des Grecs, des Celtes, ou des Aztèques étaient des feux que les siècles avaient mal éteints. Ou comme si les dieux païens, dans leur exil définitif, obligeaient le poète à se tourner vers la brûlure d’une absence. »
Jean-Baptiste Para, « Le Jardin et le Désert », préface de : Giuseppe Conte, Villa Hanbury & autres poèmes, L'Escampette, 2002, page 8.
 Umberto Boccioni
Carica dei lancieri, 1915
Tempera et collage sur papier, 32 x 50 cm
Civico Museo d'Arte Contemporanea (CIMAC)
Civiche Raccolte d’Arte, Milan
PRIMAVERA
Il Poeta
Non sapevo che cosa è un poeta
quando guidavo alla guerra i carri
e il cavallo Xanto mi parlava.
Ma è passata come una cometa
l’età ragazza di Ettore e di Achille :
non sono diventato altro che un uomo :
la mia anima si cerca ora nelle acque
e nel fuoco, nelle mille
famiglie dei fiori e degli alberi,
negli eroi che io non sono,
nei giardini dove tutta la pena
di nascere e morire è così leggera.
Forse il poeta è un uomo che ha in sé
la crudele pietà d’ogni primavera.
Giuseppe Conte, Le stagioni [Biblioteca Universale Rizzoli, Collana “Bur Poesia”, 1988. Introduzione e note di Giorgio Ficara], in Giuseppe Conte, Poesie 1983-2015, Oscar Mondadori, Oscar Poesia, Milano, 2015, pagina 118.

LE POÈTE
J’ignorais ce qu’est un poète
lorsqu’à la guerre je guidais les chars
et que Xanthos le cheval me parlait
Mais il est passé comme une comète
le jeune âge d’Achille et d’Hector :
et je ne suis rien devenu, sinon un homme :
mon âme à présent se cherche dans les eaux
et dans le feu, dans les mille
familles des fleurs et des arbres,
les héros dont je ne suis point,
les jardins où si légère est la peine
de naître et de mourir. Le poète
est peut-être un homme qui porte en lui
la cruelle pitié de chaque printemps.
Giuseppe Conte, in Vocativo, Revue franco-italienne. N°1. Printemps 1986, Arcane 17 Éditeur, pp. 52-53. Traduit de l’italien par Jean-Baptiste Para. Traduction rééditée (sans le texte original) en exergue du recueil anthologique Villa Hanbury & autres poèmes, L'Escampette, 2002, page 13.

BIO-BIBLIOGRAPHIE
Né à Porto Maurizio (Imperia, Ligurie) le 15 novembre 1945, Giuseppe Conte est un des représentants les plus originaux et les plus « orgueilleusement solitaires et hors du temps » (Italo Calvino) de la poésie italienne contemporaine. Après des études de lettres à l’Université de Milan, il présente en 1968 un doctorat d’esthétique. Il se fait connaître en 1972 lors de la publication d’un essai critique consacré à la métaphore baroque (La metafora barocca: saggio sulle poetiche del Seicento, Milano, Mursia, 1972), ses premiers textes poétiques ayant été publiés en 1978 dans l’anthologie La Parola innamorata. Passionné de mythologie, Giuseppe Conte a fondé en 1995 le mouvement qu’il a lui-même intitulé mytho-modernisme. Romancier (Il Terzo Ufficiale, Longanesi, 2002), essayiste et traducteur, il a aussi contribué à la publication en langue italienne d’œuvres de William Blake, de Shelley, de D.H. Lawrence et de Walt Whitman. En 2006, il a remporté le Prix Viareggio, section poésie, pour Ferite e rifioriture (Mondadori) et, en 2008, le Prix Stresa pour L'adultera.
Sélection bibliographique :
- L’Ultimo aprile bianco (poésie), Milano, Società di poesia per iniziativa dell'editore Guanda, 1979
- Un chant pour des résurrections songées, traduction de Jean-Pierre Faye, Change n° 39 « L’Italie changée », mars 1980
- L’Oceano e il Ragazzo, Rizzoli, 1983 ; L'Océan et l'Enfant (poésie), traduction française de Jean-Baptiste Para, Arcane 17, Saint-Nazaire, 1989. Préface d’Italo Calvino. Réédité par Jacques Brémond, 30210 Remoulins, 2002. Prix Nelly Sachs pour la meilleure traduction de poésie de l'année (1989)
- Le Stagioni (poésie), Milan, Rizzoli, 1988 (Les Saisons, traduction collective de l’italien, relue, complétée et préfacée par Jean-Baptiste Para, éditions Royaumont, Collection Les Cahiers de Royaumont, Asnières-sur-Oise, 1989)
- Le Manuscrit de Saint-Nazaire (récits), édition bilingue, traduction de Jean-Baptiste Para, en appendice : entretien de Giuseppe Conte avec Bernard Bretonnière, Saint-Nazaire, M.E.E.T., Arcane 17, 1989 (cet ouvrage n'est plus disponible)
- Dialogo del poeta e del messaggero (poésie), Milano, Arnoldo Mondadori Editore, “Il Nuovo Specchio”, Milano, 1992
- Terres du Mythe (essai) [Terre del mito, Arnoldo Mondadori Editore, Milano, 1991 ; nuova edizione ampliata, Longanesi, Milano, 2009], traduction de Nathalie Campodonico, Saint-Nazaire, Arcane 17, 1994
- Le Roi Arthur et le sans-logis (théâtre), traduction de Jean-Yves Masson, entretien de Giuseppe Conte avec Bernard Bretonnière, Saint-Nazaire, M.E.E.T., 1995 (cet ouvrage n'est plus disponible)
- Villa Hanbury & autres poèmes (anthologie), traduction de Jean-Baptiste Para, L'Escampette, Bordeaux, 2002. Cette anthologie comprend des extraits de L’Océan et l’enfant, Les Saisons, Dialogue du poète et du messager, Chants de Yusuf Abdel Nur, Nouveaux Chants. Malheureusement, cette édition ne comprend pas le texte original en italien.
- Ferite e rifioriture, Mondadori, Collana Lo Specchio, Milano, 2006. Premio Viareggio Poesia 2006
- Le Troisième Officier (roman) [Il terzo ufficiale, Longanesi, Milano, 1997 ; poi TEA, Milano, 1999], éditions Laurence Teper (éditions de Corlevour), avril 2007. Traduit de l’italien par Monique Baccelli
- La Femme adultère [L'adultera, Longanesi, Milano, 2008], éditions Laurence Teper (éditions de Corlevour), 2009. Traduit de l'italien par Monique Baccelli. Premio Stresa. Premio Manzoni du meilleur roman historique 2008.
- L’homme qui voulait tuer Shelley [La case delle onde, Milano, Longanesi, Collana La Gaja scienza, 2005], roman, éditions Phébus, 2008. Traduit de l’italien par Frédéric Klein.
- Poesie 1983-2015, Oscar Mondadori, Oscar poesia, 2015. Introduzione di Giorgio Ficara. Nota biografica e bibliografia a cura di Giulia Ricca.
- Non finirò di scrivere sul mare, Mondadori, Collana Lo Specchio, 2019
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