LA LIBERTÉ AU PRIX DU SANG
le soleil d’été me gifle
derrière le volant, apanage des hommes,
dans les rues de Téhéran qui attendent
une femme a crié : direction la liberté ! au plus vite !
j’ai crié : un seul passager ! direction l’abattoir !
CÉLÉBRATION DE LA VICTOIRE
les moutons chaque jour
paissent
dans les prés qui ne sont à personne
les agneaux gros et gras
chaque jour gambadent
parmi les tombes sacrées
les tombes collectives
les tombes anonymes
et dans les prés qui ne sont à personne
se moquent
des loups restés dehors
et dansent au rythme des chants puissants des bouchers
CAFÉ GODOT
tu humes tes mains
après l’étreinte
une odeur de poudre à canon
un parfum de femme,
je hume mes mains
après l’étreinte
de lourds effluves d’oubli
un parfum d’homme
Mahshid Vatan-Doust, Une fleur attend la pendaison, éditions Alidades, Collection Création, 2020, pp. 6-7. Poèmes traduits du persan et présentés par Katâyoun Sabzevâry et Franck Merger.

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