Civilian the war is supposedly human
military too especially and losing is what
if not those we love when the swallows depart
stateless the ghosts struggle empty-mouthed
the sea all around between reflections and shards
a retina wounded where our fawns lie
eyelids soft and closed – asleep ? the mothers
don’t sleep they stand vigil marvelous lanterns
vigilant and glowing the mothers lay down
the weight of the bodies on their forehead in their bones
the shame of still being of this species that kills its young
recognize that each chikd who dies is my own child
Anna Akhmatova understood it the silence
of mothers was that of the dead to come.
Alone they remain, alone with their torments.
Civile la guerre il paraît c’est humain
militaire aussi surtout et perdre c’est quoi
sinon ceux qu’on aime au départ des hirondelles
apatrides les spectres luttent à bouches nues
autour de la mer entre reflets et filandres
une rétine blessée où gisent nos faons
paupières douces et baissées – dormir ? les mères
ne dorment pas elle veillent lanternes mer-
veilleuses et auréolées les mères allongent
le poids des corps sur le front dans la moelle la honte
d’être encore de cette espèce qui tue ses enfants
entends chaque enfant qui meurt est mon propre enfant
Anna Akhmatova l’a compris le silence
des mères est celui des morts de l’avenir.
Seules elles restent, seules avec leurs tourments.
Sabine Huynh, Prendre la mer, 60 sonnets pour les Boat People, Avec une traduction en anglais (Etats-Unis) d’Amy Hollowell,
Editions Bruno Doucey, 2024, pp.84,85.
♦ Sabine Huynh sur → Tdf ♦













































































Le tourment perpétuel des mères dans les guerres... Sabine sait nous le faire partager avec des mots simples, directs et pathétiques. Les lire avec le ventre et remonter au coeur ( si on le peut)...
Rédigé par : Marie-Thérèse Peyrin | 07 mai 2024 à 19:49