<<Poésie d'un jour
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WALD
—
ÜBERALL IST WALD, überall sind bäume, holz,
blätter, borke, baum, bäume. die blätter sind grün,
das blattwerk ist dicht und im herbst fällt das laub
von den ästen. Schwerkraft, die natur der dinge.
es wäre leicht jetzt einzuatmen, auszuatmen,
fortzugehen. du atmest ein, du atmest aus, du gehst
nicht fort. du bleibst im wald. das licht
ist hell, die luft ist kalt. es ist noch früh.
sichtbare frühe vor nase und mund.
wahrnehmung beginnt im wald. treibt flieder
aus der erde. mischt erinnern mit bedauern mit beginn ;
kein wald ohne bäume, kein baum ohne sinn.
FORÊT
—
LA FORÊT EST PARTOUT, des arbres partout. du bois,
des feuilles, de l’écorce, de l’arbre ; des arbres ; feuillage vert,
frondaison dense et en automne les feuillent tombent
des branches. gravité, la nature des choses.
ce serait facile maintenant d’inspirer, d’expirer,
de t’en aller. tu inspires, tu expires, tu ne
t’en vas pas. tu restes dans la forêt. la lumière
est claire, l’air froid. il est encore tôt.
buée du matin sous ton nez et devant ta bouche.
la perception commence dans la forêt. pousse les lilas
à sortir de tête, mêle les souvenirs aux regrets aux débuts ;
pas de forêt sans arbres, pas d’arbres sans raison.
DIE BÜHNE AUS WALD, desr vorhang
aus baum, ein lungenflügel, grün schattiert,
verkront für die photonen.warum in die ferne schweifen,
wenn die farme sind so nah ?
das einmaleins der laubbaumarten,
regengrün bis winterkahl, unter dir
der weiche boden und über dir das blätterdach,
das himmelszelt aus wald.
du trägst ein rotes käppchen auf dem kopf,
ein rotes herz unter der brust, unter dem hemd ;
du bist hier fremd, du bist im wald.
sichtbarer wald vor nase und mund.
LA SCENE DE LA FORET, le rideau
en arbre. un poumon, dégradé de vert,
en couronne pour les photons. pourquoi rêver d’ailleurs
quand les fougères sont si près ?
table de multiplication des types de feuilles,
vert pluvieux à glabre hivernal. sous toi,
le sol mou et au-dessus, le toit de feuilles,
la voûte céleste de la forêt.
tu portes une petite casquette rouge sur la tête,
un cœur rouge dans la poitrine, sous ta chemise ;
tu es un étranger ici, tu es en forêt.
forêt visible sous ton nez et devant ta bouche.
DER SCHWINGENSCHLAG bein angriffsflug
im korridor aus wald. mildes klima, mischbestände.
pflanzenformation. ballungsraum für büsche,
baüme, borkenkäfer.
viel baum, viel ehrʻ, viel käfer.
und es sind schon da :amsel, fink et cetera,
ein specht und du. vogelstimmen, vogelfährten.
vogelfrei. warum in die ferne schweifen,
wenn die greifen nisten nah ?
das licht ist hell, die luft ist klar, es riecht
nach wald. manchmal riescht du das wasser.
immer riechst du den wald.
LE BATTEMENT D’AILES lors du vol d’attaque
dans un corridor de forêts. climat doux, peuplements mixtes.
formation de plantes. agglomération de buissons,
de pousses, de bostryches typographes.
beaucoup d’arbres, de fierté, de scarabées.
et les voilà déjà : la fourmi, le pinson, et cetera,
un pic et toi. les voix des oiseaux, les routes des oiseaux,
drôles d’oiseaux. pourquoi rêver l’ailleurs
quand les griffons nichent tout près ?
la lumière est claire, l’air est sain, cela sent
la forêt. parfois tu sens l’eau.
toujours tu sens la forêt.
Levin Westermann, Wald/ Forêt in underkannt verzogen / Parti sans laisser d’adresse, Traduit de l’allemand et préfacé par Marina Skalova, Édition bilingue, D’une voix l’autre, dirigé par Jean-Baptiste Para, Cheyne Éditeur 2024, pp.120,12,122,123, 124,125.
Levin WESTERMANN
Né en 1980 à Meerbusch (Allemagne), il vit aujourd’hui à Bienne (Suisse). Son premier recueil, unbekannt verzogen (parti sans laisser d’adresse), paru chez Luxbooks, a reçu le Prix Orphil en 2014. Aujourd’hui, son œuvre embrasse livres de poésie et essais, souvent consacrés à la condition du vivant en temps de catastrophe écologique. Son dernier recueil, farbe komma dunkel, est paru en 2021 chez Matthes & Seitz, suivi en 2024 d’un premier roman : Zugunruhe. Il est lauréat du prix Clemens-Brentano, du Prix suisse de littérature et du Prix allemand du Nature Writing.
Marina SKALOVA
Autrice et traductrice littéraire de l’allemand et du russe. En tant qu’autrice, elle a notamment publié Atemnot / Souffle court à Cheyne en 2016, lauréat du Prix de la Vocation en Poésie, réédité par Héros-Limite en 2023. Elle a traduit les poétesses russes Galina Rymbu (Vanloo, 2023), Lida Youssoupova (zoème, 2023), Maria Stepanova et Jénia Berkovitch (La Revue de Belles-Lettres, 2019 et 2024). Avec Camille Luscher, elle a traduit Sucre. Journal d’une recherche de Dorothee Elmiger (Zoé, 2023), lauréat du Prix franco-allemand Franz Hessel.
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