<< Poésie d'un jour
" dans la condensation du silence "
Aquatinte de G.AdC
I
Le poème parle une langue
cosmique car il ne s’arrête pas entre
les mots
Son silence énumère la dispa-
rition du néant
sur la table
une assiette vide
dans l’obscurité paresseuse
disperse des éclaboussures de lune
biseautées par instant
et saillantes
comme un sabre de feu roule au bord du regard
par la fenêtre ouverte tu écoutes un souvenir
revêtu de papier
glacé
de mots partis
depuis une telle éternité
que tu n’as plus de nom
et l’herbe n’en a plus et la couleur des arbres
s’écroule dans la terre
depuis une telle éternité
que la béance des mots suffoque tes paroles
et boit ta solitude
dans la condensation du silence
une épaisseur de souche lente
éventée par endroit
laisse émerger les étoiles
ta trace ne fait pas de bruit
parce que ton ombre a disparu
peu à peu effacée
par l’espace naufragé dans une mer d’encre
aucun temps ne révèle encore sa lumière
et demain dans le feu éteint du crépuscule
ressemble aux souvenirs
pliés dans des images que l’eau d’un songe allonge
jusqu’au loin de tes yeux qui s’effacent
démunis
par la simplicité de l’oubli
[…]
tu fouilles les mondes
cousus
dans la perméabilité
circulaire
des histoires
un jour une eau millénaire
lavera toute encre
échappée de tes mains
viendra cette évidence
des images
inscrites
dans une absence circulaire
comme l’arbre ne sait plus où regardent les branches
plongées dans ses racines
et sous la peau du ciel
tu liras les abîmes cousus dans la lumière
comme un livre muet enfante la légende
des années dissolues dans l’angle vertical
d’une pluie sous la pluie
Carole Carcillo Mesrobian, Falloir, Revue la forge I Éditions de Corlevour 2025, pp.11, 12, 16.
♦ Voir sur TdF ♦ :
Carole Mesrobian / Alain Brissiaud, Octobre, PhB éditions,2022
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