<<Poésie d'un jour
23 A Swan Haunts the Boat
Tuileries Palace, Paris, March 1792
Marie-Antoinette to Louis Girardin
Sometimes, I remember the Grand Canal,
Its length and sweep
Once vast to me, the gusts
Ruffling water from smooth to steep,
Our game to chase the waves
And row them down,
Our laughter lifting
To the rising sound
Of the wind finding its voice,
And I imagine you,
Your body’s music muffled,
Your heart an avenue
Tunnelling the wind’s endless refrain.
Sometimes, a swan haunts
The boat that is my mind,
Its breast a snowy stretch
Of linen, starched white
And your shirt, mesmerising,
Its wings tucked to its sides,
Restrained, despite its haughty
Elegance, its dark eye,
Despite the vastness of that garden,
A captive creature,
It rides the waves,
Effortless, a beacon
Burning, dimming.
23 Un cygne hante le bateau
Palais des Tuileries, mars 1792
Marie-Antoinette à Louis Girardin
Parfois, je me souviens du Grand Canal
Sa longueur et son étendue
Qui me semblaient si vastes, les rafales
Ebouriffant les eaux de leurs crêtes à leurs fonds
Notre jeu consistait à chasser les lames
Et les poursuivre à la rame,
Nos rires s’élevant
En un crescendo
De vent en quête de sa voix,
Et je vous imagine,
La seule musique ici de votre corps, étouffée,
Votre cœur un tunnel
Qui piège sans fin le refrain du vent.
Parfois, un cygne hante
Le bateau qu’est mon esprit,
Sa poitrine, une neigeuse étendue
De lin, amidonnée de blanc
Comme votre chemise, envoûtant,
Les ailes repliées,
En dépit de sa hautaine
Elégance, son exil sombre,
Et malgré l’immensité de ce jardin,
Créature captive,
Il chevauche les vagues,
Sans effort, un phare,
Brûlant, s’estompant.
24 A Bird Haunts the Ship
on board La Recherche, March 1792
Louis Girardin to Marie-Antoinette
Sometimes, I remember the Grand Canal,
its length and sweep
the wind would scud the water
to small peaks, blowing spray in faces
or the evenings when it was lit
with flame and boats paraded
sailing you to other game.
The canal was tiny, the boats
a sham. The only music here
is the wind screaming
and my hart’s terrified refrain.
Sometimes, a bird haunts
the ship, its breast paler than yours,
pure as the first snow untrammelled
by prints, its wings stretched
in an enormous arc.
It swoops low over the waves,
wing tips bent, its body skimming water,
effortlessly riding the wind,
the sky a grey blanket,
the sea cold metal,
and the bird’s white breast
a beacon blazing its brilliance
against this bleak light.
24 Un oiseau hante le bateau
à bord de La Recherche, mars 1792
Louis Girardin à Marie-Antoinette
Parfois, je me souviens du Grand Canal,
sa longueur et son étendue
qui me semblaient si vastes, la façon
dont le vent faisait des ricochets sur l’eau
leurs petites crêtes éclaboussant les visages,
ou les soirs quand il était éclairé
de flammes et de bateaux en parade
en partance vers d’autres mondes.
Tout cela était un jeu.
Le canal était minuscule, les bateaux
une mascarade. La seule musique ici
est le vent hurlant
et le refrain terrifiant de mon cœur.
Parfois, un oiseau hante
le vaisseau, sa poitrine plus pâle que le vôtre,
pure comme la première neige, libéré de l’entrave
des pas, ses ailes étendues
en un arc immense.
Il plonge au ras des vagues,
la pointe de ses ailes courbées, son corps écumant les flots,
chevauchant le vent sans effort,
le ciel une couverture grise,
l’océan un métal froid,
et l’oiseau à la blanche poitrine
un phare dont l’ardeur étincelle
contre une lumière glauque.
Adrienne Eberhard, Marie & Marie, Poésie, Traduit de l’anglais par Catherine de Saint Phalle, LIBRAIRIE ÉDITIONS tituli 2025, pp. 90, 91.
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