<<Poésie d'un jour
Antonella Anedda / source
3.
Allor soffiò il tronco forte, e poi
si convertí quel vento in cotal voce.
DANTE, Inferno, XIII, 91-92
Era lei, nel vapore salito dai cespugli ?
La chiamai pur sapendo anche io come tanti
che la risposta sarebbe stata il silenzio,
eppure emisi un suono
percependo nella mite pazzia di quel richiamo
il lembo di una stoffa, l’orlo di un gomito, la pelle.
Due volte strinsi a vuoto il suo nulla
due volte mi abbracciai
finché mi vinse il freddo. Rientravo nel vestibolo
ingombro di cappotti, di stivali infangati. Dalla cucina
veniva lo scroscio dei piatti nel lavabo,
tutto imponeva di scacciarla,
dettava le regole dei vivi
nell’ odore del cibo sopra il fuoco.
« Non era lei » - mi dissi- « ma una falce di nube
che correva in alto a lato dell aluna ».
Antonella Anedda, Historiae, Giulio Einaudi Editore 2018, p.50.
3.
Alors le tronc souffla fort et ce souffle
se convertit en une voix sonore
DANTE, Enfer, XIII, 91-92*
Était-ce elle, dans la vapeur qui montait des buissons ?
Je l’appelai tout en sachant moi aussi comme tant d’autres
que la réponse serait le silence,
et néanmoins j’émis un son
percevant dans la douce folie de cet appel
le bout d’un tissu, le bord d’un coude, la peau.
Deux fois je serrai à vide son néant
deux fois je n’embrassai que moi
jusqu’à ce que le froid me transperce. Je rentrais dans le couloir
encombré de manteaux, de bottes boueuses. De la cuisine
arrivait le bruit des assiettes dans l’évier,
tout obligeait à la chasser,
dictait les règles des vivants
dans l’odeur de la nourriture sur le feu.
« Ce n’était pas elle – me dis-je- mais un croissant de nuage
qui courait là-haut du côté de la lune. »
*Dans la traduction de Michel Orcel, La Dogana, Genève, 2018.
Antonella Anedda, HISTORIAE, traduit de l’italien par Marie Fabre et Sylvie Fabre G., Æncrages &Co 2025, p.58.
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