<<Poésie d'un jour
CÉVENNES
Coule claire la rivière. Ermitage et cigales. Chênes
verts et pins d’azur. Près du rocher tu vois la croix
arrachée. Sébastien. Sonne la cloche du matin.
La lampe du mineur. Le pas des pauvres. Les
mots du vannier. Et l’envol de la tourterelle. Temple
et château. Chevaliers et troubadours retrouvent la
vallée des amandiers.
Allée de cyprès. Villages aux maisons de schiste.
Treilles de clinton. Bancels et capitelles. Qui
Emprunte la calade du prieur dans l’herbe brûlante ?
Rêve d’oliviers.
Les réverbères s’allument sur les serres. La rivière
n’est plus que murmure. Assis sur les marches de la
demeure du mineur, nous regardons longtemps la
symphonie des étoiles.
Par les quatre chemins aller vers le soleil. Le mas
aux châtaignes dans le ciel encore azuré. Arche de
vérité. Promesse de résistance. Sur le sentier des
crêtes il n’est qu’un regard. Là-bas scintille le haut
pays des vents.
MONT LOZÈRE
L’heure vient de marcher vers les hauteurs. Au
pays des sources. Terre de genêts et de bruyères où
s’amassent de verts rochers. Près du hameau coule
l’eau claire sous les arches blanches. Ascension du
cœur et de l’esprit. Callune et Jean-le-Blanc.
Chants clairs. Un berger regarde ce désert lunaire.
Herbe rase. Et le sentier caillouteux contre le bleu du
ciel. Je cherche l’infini. Passage d’Horeb. Là-bas à
l’horizon commence un autre monde.
Tant de solitude et de silence, tant de liberté.
Vaste majesté. Cimes dépouillées. Sans bruit le petit
oiseau retrouve le vent. Croix de Malte, montjoies.
Et la source près du chemin. Pointe d’ardoises.
Le souffle secret des rencontres. Soudain éclate la
lumière de midi. Tant de pas ici revenus. Mont
Lozère des nuées – Mont Lozère d’azur.
MONT BEUVRAY
Et c’est la terre encore. Houe et herse. Meules de
foin autour des hameaux. Oppidum celte. Joug des
jours, ossements du temps. Lampe d’argile. Quelle
langue parles-tu en gravissant la montée ? Ombre
et lumière, ruines et frondaisons. Coque de navire. La
terre comme voyage.
Centaurées et sorbiers, fougères et terrasse. Voici
les vastes étendues comme damier de vert clair, vert
foncé, sous un voile bleu. Et là, à l’écart, calme et
fraîcheur, tu écoutes l’eau vive qui coule claire entre
les pierres. Roseaux et escaliers. Prés de l’attente.
Une porte entrouverte. Sanctuaire des cimes.
Style et cire. Des mots sur une tablette en bois pour
chasser l’oubli. Une cigale stridule. Lyre et forêts.
Terres proches, terres lointaines. Monts et vallées.
Terre pauvre ruisselante aujourd’hui de lumière.
Bernard Grasset, « Terres des hauteurs » in PAYSAGES (2014-2022), photographies de l’auteur, LES CAHIERS D'ILLADOR, Éditions Illador 2025, pp. 35, 37, 39.
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BERNARD GRASSET
→Fontaine de Clairvent, Quatrains des saisons, Illustrations d’Isaure, → Brise (2006-2008), Jacques André éditeur, Collection Poésie XXI N° 62, 2020
■ Voir aussi ▼ |












































































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