<< Poésie d'un jour
" évitant la lumière"
Photo de G.AdC
CHANT 7
Il nous arrive de haïr la lumière
de peur de voir trop clair
la question du visage se pose
comment est rendue possible
cette impossibilité de voir ?
le fin mot du projet envisagé par le Maître
et la folle croyance en ce refuge
Dieu porte haine à ce qui n’est pas lié
les liens de l’homme et du divin ne doivent pas être rompus
les célestes et les hommes se tiennent toujours côte à côte
F. Hölderlin
évitant la lumière
nous accumulons les erreurs
devrions diminuer nos exigences logiques
nous préoccuper de la vie cesser de nous diviser nous-mêmes
mais comment suivre
où dans la lumière ?
ébloui
vers quel visage dissimulé
vers la clarté de la vie
serait-ce renoncer au projet du visage et accepter de ne pas
avoir peur du noir absolu
de la mort
ainsi répondre à l’inconnu
par la tranquille assurance
de la vie conçue non comme un sanctuaire logique
énergie incommensurable
tels ces arbres millénaires
dont l’apparence est jeune
alors que les racines multiséculaires
sont dissimulées dans la terre enterrées
ne pas se laisser diviser
par la logique sombre
le temps sans temps
Il a dit je suis la lumière du monde
qui me suit ne marche pas dans le noir
mais dans la lumière de la vie
Tu conquerras et tu oublieras pourquoi tu as conquis.
Diotima s’adressant à Friedrich Hölderlin
il ne faut pas oublier l’histoire dont nous sommes issus
Paul de Brancion, SOUDAIN NOUS NE SOMMES PAS SEULS, Revue la forge I ÉDITIONS DE CORLEVOUR, 2025, pp.31, 32, 33.
SOUDAIN NOUS NE SOMMES PAS SEULS sont des poèmes sur la lumière et sur la mort et à ce titre éprouvants. Il ne s’agit pas d’un « tombeau » mais bien d’un appel à la clarté du jour.
Devant participer à la création de vitraux d’une chapelle, Paul de Brancion était en contact avec un moine vitrailliste dont il aimait les œuvres. Il a écrit ce livre poème en souhaitant proposer un mouvement de création commune. Cela ne s’est pas fait mais le texte est resté passant de douze à quinze chants. Les vitraux demeurent en chantier comme expliqué dans la postface.
Le vers est ici délibérément simple comme en suspens du monde et de notre devenir, pas de côté s’appuyant alternativement sur le texte sacré (Jean, Mathieu) et sur le réel immédiat de nos vies. Il questionne en cherchant par les mots ce trajet irréligieux mais spirituel « où les liens du divin et de l’homme ne seront pas rompus » comme l’écrit Friedrich Hölderlin qui accompagne chacun des quinze chants.
PAUL DE BRANCION
Source
■ Paul de Brancion
sur Terres de femmes ▼
→Qui s’oppose à l’Angkar est un cadavre, suivi de Kim Hourn, livret d’opéra, Éditions Lanskine, 2013
→ [Il y a cette pluie] (extrait de Concessions chinoises)
→ Ma Mor est morte | lecture d’AP
→ Ma Mor est morte | lecture d’Evelyne Morin
→ Sur un bateau léger | Nant’a u ligeru battellu
→ Qui s’oppose à l’Angkar est un cadavre (lecture d’Isabelle Lévesque)
■ Voir aussi ▼
→ le site de Paul de Brancion
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