Le
15 novembre 1945, le
Prix Nobel de Littérature est décerné à
Gabriela Mistral (1889-1957), de son vrai nom Lucila Godoy y Alcayaga. Elle prononce son
Discours de réception le 10 décembre 1945. C'est le premier Prix Nobel de littérature décerné à un écrivain hispano-américain.

Image, G.AdC
«
Le 15 novembre 1945, la maison se peuple, les télégrammes pleuvent, les coups de fils aussi. « Félicitation, Gabriela Mistral ». C’est la première fois que quelqu’un au sud du Mexique reçoit le Prix. C’est le triomphe de l’Amérique indienne. Ce matin-là, dans beaucoup d’écoles du continent on entonna ses rondes. […]
A Stockholm, le
Dagem Nyheter l’appelle « le symbole maternel des ambitions culturelles du continent américain. »
Volodia Teitelbaum, Gabriela Mistral publique et secrète, L’Harmattan, 2003, page 256. Traduit de l’espagnol (Chili) par Agnès Sow.
La grande poète chilienne
Gabriela Mistral, premier
Prix Nobel du Chili, mais aussi d'Amérique latine, n’a pas attendu ces lauriers pour être reconnue et honorée.
Réputée pour ses écrits sur l’enseignement (elle a été professeur, puis directrice d’école), elle publie des articles dans
La Voz de Elqui. Elqui, la vallée du sud du Chili dont elle est originaire. Son premier recueil,
Les Sonnets de la mort (Los sonetos de la muerte), au lendemain du suicide de son fiancé, la révèle comme une poète talentueuse.
En 1922, l’Institut hispanique de New York rassemble ses poèmes dans un recueil intitulé
Désolation (Desolaciόn). La publication de cet ouvrage assure à Gabriela Mistral une notoriété considérable hors des frontières latino-américaines. La même année, elle quitte le Chili pour le Mexique. Où elle est invitée à participer à l’élaboration d’une Réforme de l’Education, décidée par la Révolution. Et par son ministre José Vasconcelos. Elle se consacre alors à la fondation et à l’organisation de bibliothèques publiques et à la rédaction d’un ouvrage destiné à l’enseignement dans les écoles de filles :
Lectures pour femmes (Lecturas para mujeres), qui paraît en 1924. Un ouvrage militant qui dénonce indirectement la douloureuse condition de la femme en Amérique latine.
Consul honoraire du Chili à Naples, Madrid et Lisbonne, et chargée de mission pour la Société des Nations, elle voyage à travers l’Europe, partagée entre conférences et congrès internationaux. Parallèlement à sa carrière diplomatique, elle poursuit son itinéraire poétique. C’est ainsi qu’elle publie successivement
Nuages blancs (Nubes blancas), Tendresse (Ternura) en 1925, puis
Tala en 1938.
En 1945, son œuvre considérable est consacrée par le prix Nobel. La mort de la grande dame chilienne, survenue à New York le
10 janvier 1957, provoque un vif émoi dans l’ensemble des pays hispanophones. Le 22 janvier, elle est inhumée au Cimetière Général de Santiago, après des funérailles nationales grandioses.
La poésie de
Gabriela Mistral est malheureusement quasi inaccessible aux non-hispanisants, compte tenu de la rareté – du moins en France – des traductions de ses recueils poétiques, publiées pour la plupart en 1946, au lendemain de son Prix Nobel (et non rééditées depuis), hors une anthologie poétique parue en 1989 à l'occasion du centième anniversaire de sa naissance (
D’amour et de désolation, Orphée/La Différence). Cette anthologie a été rééditée en 2012.
Angèle Paoli